Antalion

Antalion

Chers partenaires,

C’est avec un immense plaisir, et non sans une certaine fierté, que je vous écris afin de vous faire part du fait que la tâche qui m’a été confiée par notre guilde, a été menée à bien.

Après des semaines de palabres avec Son Excellence Aurélian, Ambassadeur de la Maison Change-Esprit, et d’onéreux pots de vins – qui, je n’en doute pas, me seront remboursés par notre noble institution – je pus enfin obtenir mon sauf-conduit pour Antalion. Une entrevue, avec nul autre que le Prince Marchosias, grand artisan de la paix sur Oriar et maître des Change-Esprit, me fut accordée.

Rendez-vous fut pris à l’embarcadère antalian au nord des terres sauvages où je fis la connaissance d’une jeune femme répondant au doux nom de Laïken qui appartenait au corps des Passeurs de la Maison Horizon. Après des journées de route passées à partager de maigres rations aux côtés des Réguliers de la Roue de Fer mis à disposition pour assurer ma protection, un peu de douceur féminine me réconforta.

A mon grand étonnement, la jeune mage fit preuve de respect envers moi. Devant mon inquiétude toute légitime à la vue de la Mer des Brumes qu’il nous fallait traverser, elle sut me rassurer.  Alors que je l’interrogeais sur la violence des tempêtes et des courants,

l’antalianne sortit de ses robes délicates une petite boîte, un fort bel ouvrage, qu’elle entrouvrit légèrement. Une douce lueur azurée s’en échappa, ceignant la proue de notre embarcation.

Aussitôt, les flots déchaînés se calmèrent devant de nous et la tempête cessa. La traversée de la vaste étendue maritime s’avéra étonnamment rapide, les voiles enchantées de notre esquif nous propulsant rapidement. Arrivés en vue des formidables murailles de roche qui entourent Antalion, notre capitaine, un antalian, nous guida d’une main experte vers une tour à l’aspect lugubre, lévitant au-dessus des flots. Ce bastion protégeait l’accès à la baie intérieure du détroit. Laïken m’apprit que cette forteresse, siège de sa Maison, avait pour nom Fort Brisant. Au sommet de cette tour, pulsait une étrange lueur, au sujet de laquelle la jeune femme émit une curieuse remarque. J’ai cru comprendre qu’elle la considérait comme une créature consciente, presque comme une amie, et semblait lui parler. Il me parut entendre une prière de remerciement pour notre traversée qui se révéla sans encombres, mais les antalians étant des gens étranges, il n’est pas exclu que je me sois trompé.

Ayant dépassé Fort Brisant, nous accostâmes dans un port grandiose où j’eus tout loisir de contempler la splendeur d’Antalion. Croyez-moi sur parole, mes chers partenaires, rien de ce que vous avez pu entendre sur la cité n’est en mesure de rendre vraiment hommage à sa magnificence. De somptueux palais s’étendaient à perte de vue, l’un même – je sais que vous aurez du mal à me croire ! – flottant au-dessus de la ville. Partout, j’assistais à des miracles : objets animés, citadins surgissant d’étranges portails scintillants… La ville en elle-même semblait vivante et parée de mille couleurs, toutes plus éclatantes les unes que les autres.

Après le départ de Laïken, un page de la Maison Change-Esprit me prit rapidement en charge. Il me conduit auprès de mon hôte, le Prince Marchosias, pour y négocier, comme vous le savez, une importante livraison. Je demandais à mon guide l’autorisation de visiter la cité. Celle-ci me fut, à mon plus grand ravissement, facilement accordée. Le jeune homme me permit ainsi d’en découvrir les merveilles. Bâti au centre d’une splendide place centrale, le colossal palais du Conseil de l’Harmonie me laissa sans voix. Imaginez un bâtiment deux fois plus grand que nos entrepôts de la Ville Haute dont la face de marbre, délicatement enluminée, était agrémentée de sculptures animées !

A l’est, se dessinait l’imposante silhouette d’un arbre gigantesque dont la cime se perdait dans les nuages. D’immenses oiseaux de proie voletaient majestueusement entre ses hautes branches. A leur mention, mon guide se contenta d’affirmer qu’il ne s’agissait pas là de volatiles et me regarda étrangement. Désireux de ne pas passer pour quelqu’un d’inculte, je hochais la tête d’un air entendu. Au pied de cet arbre, s’étendait un bois bien entretenu où semblait vivre de nombreux citadins. Voir tant de nature me réchauffa le cœur. Je ne saurais, messieurs, que trop vous conseiller de quitter, à votre tour, notre ville étouffante pour venir profiter des attraits de cette cité.

Je ne pus m’empêcher, en revanche, de l’interroger sur le mystère que constituait pour moi le palais volant. Le jeune homme m’informa qu’il s’agissait de la Forteresse d’Arden, le siège de la Maison RougeSang. À l’évocation de ces tueurs sanguinaires, un frisson me parcourut. Levant les yeux à m’en rompre le coup, j’aperçus en effet les anneaux de flammes qui soutenaient la base rocheuse sur laquelle était construite la forteresse. Regardant en l’air, je bousculais par inadvertance un passant. Sous son regard méprisant, je bafouillais quelques mots d’excuse. Mon guide intervint prestement m’évitant, je l’admets, un moment fort désagréable.

Nous arrivâmes enfin au palais des Change-Esprit. Le jeune page me quitta dans un vestibule richement décoré d’où résonnait une douce musique. Un mage de la Maison se présenta à moi sous le nom d’Alhexy et me mena jusqu’à un salon où m’attendait le Prince. Sur les murs de la demeure des Change-Esprit étaient exposés des peintures exquises ainsi que des bustes, si bien sculptés, qu’on les aurait dits vivants.  Aucun mot ne saurait rendre justice à ce Patriarche si charismatique, aussi ne tenterai-je pas de vous le décrire. Marchosias s’adressa à moi comme un à égal et, moins d’une heure plus tard, le contrat était signé.

Je vous informe donc que les quinze livres d’Aether raffinés quitteront notre entrepôt de stockage à la fin de la semaine. Le règlement nous parviendra dès que le monarque aura pris possession du chargement, un arrangement qu’il a négocié directement avec moi. Je ne vois en effet aucune raison de ne pas lui faire confiance…

Baltas Reik – Guilde des Marchands. Compte rendu de négociation CN 027. Imprimerie Merengrad.

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