Extraits des Comptes de la Failles Volume I : Partie IV

Extraits des Comptes de la Failles Volume I : Partie IV

Je me remémore avec infiniment de tristesse cette armée en déroute regagnant Antalion.

La consternation engendrée par la défaite des troupes d’Agares avait laissé place à une vive inquiétude. Parmi ceux qui avait pris les armes, moins de la moitié en revint. La rumeur ne tarda pas à enfler, propagée par les opposants de la Maison RougeSang, jugée responsable de ce désastre. On parlait à voix basse d’étranges constructions humanoïdes utilisées par les Communs qui traversaient sans difficultés les flammes sensées les retenir. Pour la première fois de son histoire, notre fière cité fut en proie au doute.

Thaddeus reprit cependant rapidement le contrôle de la situation. Pressé par les membres du Conseil de destituer Agares, il lui renouvela au contraire publiquement sa confiance et gagna ainsi la fidélité indéfectible de la Maison RougeSang. Le Régent ordonna aux combattants des Maison Roy et Cœur-Sauvage de se retirer du front et ce, contre leur volonté. Ils avaient subi le plus gros des pertes et le Régent ne voulait pas voir ces Maisons ancestrales disparaître dans une quête vengeresse vouée à l’échec.

Une décennie de conflits…

La seconde bataille décisive de cette guerre qui dura, finalement, plus de dix ans, eut lieu sur les rives de la Mer des Brumes. Les Communs avaient profité de leur avantage et envoyé une armée importante pour prendre d’assaut Antalion. Désireux d’en terminer au plus vite, ils prirent la mer à bord d’énormes navires de fer et de bois propulsés par des moteurs alimentés par des cristaux d’Aether. Les tempêtes magiques et les vagues en furie firent chavirer la majorité des navires. Ceux qui parvinrent à regagner le rivage y étaient attendus par les rescapés de la Maison RougeSang qui ne firent preuve d’aucune pitié.

Il y eu bien d’autres affrontements encore. Parfois nous prîmes le dessus, comme en témoigne le célèbre massacre des Rocs Brisés. Lors de ce combat meurtrier, les illusionnistes de la Maison Change-esprit dissimulèrent le gros des forces antalianes aux yeux des Communs. Notre armée surprit l’avant-garde ennemie dans des gorges escarpées et perpétra un glorieux massacre. Hélas, les Communs remportèrent aussi de grandes victoires, balayant nos armées trop confiantes à l’aide d’une puissance de feu supérieure en faisant preuve d’un grand sens tactique.

Les combats prélevaient un lourd tribut au sein des belligérants. Leurs récoltes et leur réserves détruites, les Communs souffraient de la faim. Des maladies surnaturelles libérées par les Antalians décimaient leurs armées, induisant de très lourdes pertes. Ils firent cependant des progrès significatifs en médecine et apprirent notamment à confectionner des cataplasmes à base de poudre d’Aether pilée. La guerre étant un formidable catalyseur de l’inventivité humaine, leur technologie progressa également très rapidement.

Cependant, à force de prélever toujours plus d’Aether du cristal, celui-ci commença à se désagréger. Cette ressource, qui semblait inépuisable, fut mise à rude épreuve afin de répondre aux impérieux besoins qu’exigeait ce conflit. Les chefs des Communs se réunirent pour décider de la marche à suivre. Conscients que les hostilités ne pouvaient durer encore longtemps, ils prirent une décision aux conséquences des plus funestes, comme nous le verrons par la suite.

Pour les forces d’Antalion, la situation n’était guère meilleure. Des Maisons entières avaient été rayées des annales, leur lignée anéantie à la mort des derniers héritiers de sang pur. Des centaines de mages avaient péri. Tandis que certaines Maisons livraient une guerre totale, sans retenue, d’autres préservaient leurs forces. Tous savaient que la guerre finirait par prendre fin un jour et que l’équilibre du pouvoir serait dicté par celui qui se serait préservé au mieux. Thaddeus était partout, présidant les conseils de guerre, consultant les augures, mobilisant les Maisons. Il s’avéra être un adroit dirigeant, fin négociateur quand il le fallait ou au contraire menaçant quand la situation l’imposait.

C’est alors que les devins antalians nous annoncèrent une nouvelle fort inquiétante...

Toutes les forces des Communs s’étaient réunies en une immense armée qui marchait droit vers la cité. Thaddeus y vit là une occasion de mettre fin à la guerre et mobilisa une grande partie de ses forces. Il confia à nouveau le commandement de l’armée à Agares. Désireux de se racheter aux yeux de ses pairs, le Patriarche des RougeSang prit la tête d’une grande partie des forces restantes de sa Maison et mena la coalition au-devant des Communs.

Agares avait tiré les enseignements des batailles précédentes.

Il avait appris à respecter ses adversaires.

Bien qu’individuellement faibles, les Communs étaient plus nombreux que nous et faisaient preuve d’un courage et d’un sens de la discipline qui faisaient cruellement défaut à nos troupes.

Il savait que l’élimination rapide de leurs meneurs pouvait faire s’effondrer la ligne de bataille de ses adversaires.

Il plaça ainsi parmi ses rangs des assassins de la Maison Change-Esprit, dissimulés derrière des boucliers d’illusion. Témoin direct de l’immunité aux flammes des étranges automates mécaniques des Communs, il avait donné comme mission aux élémentalistes de la Maison Horizon, capables d’en appeler à la foudre, de les détruire.

Une issue fatale…

Les deux armées se rencontrèrent dans une plaine désolée, loin au sud. L’affrontement qui s’engagea alors fut terrible, chacune des factions jetant ses dernières forces dans cette bataille, conscientes que l’issue de la guerre en dépendait. L’histoire retiendra que les mages finirent par l’emporter.

Ils mirent en déroute les armées des Communs au prix de terribles pertes.

Alors que nous pensions la victoire à notre portée, celle-ci nous échappa définitivement.

Désespérés, les Communs s’étaient résolus au pire. Avec d’infinies précautions, ils avaient prélevé un énorme bloc d’Aether du cristal brisé. En insérant ce fragment colossal dans un mécanisme explosif, ils purent créer une arme de destruction absolue. Voyant que la victoire leur échappait, la mort dans l’âme, ils la firent détonner.

L’explosion phénoménale qui s’en suivit balaya toute vie à des lieux à la ronde. L’onde de choc parvint jusqu’à notre cité, pulvérisant les délicates constructions de marbre et de nacre. La Mer des Brumes se déchaîna, provoquant le déferlement des vagues. Un immense cratère fumant se forma dans les entrailles d’Oriar. Ce fut tout ce qu’il resta des deux armées qui s’affrontaient en ce jour funeste. Plus de dix mille individus, Mages et Communs, périrent en un instant.  Agares, horriblement défiguré, fut le seul survivant.

Les Communs avaient prouvé qu’ils étaient prêts à lutter jusqu’à leur dernier souffle et qu’ils disposaient à présent une puissance équivalente à celle de la fière Antalion.  

Tout cela devait cesser ! C’en devenait une certitude…

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